Je vis de mon écriture… mais pas de mes publications
Il semble souvent presque impossible de vivre de son écriture. Alors qu'un best-seller au Québec commence à 3000 ventes et qu'un auteur se fait souvent 10 % des revenus du livre (donc 2 $ en moyenne), il pourrait se faire seulement 6000 $ avec un best-seller. Et entendons-nous, la plupart des livres ne sont pas un best-seller. La plupart des manuscrits ne sont même pas publiés, alors que les éditeurs retiennent environ de 1 à 5 % de ce qu'ils reçoivent.
Par contre, j'ai 15 à 33 % de chances d'obtenir une bourse des Conseils des arts selon les programmes (qui me sont plus accessibles en tant qu'artiste handicapée) et cela peut me rapporter jusqu'à 15 000 ou 25 000 $ par projet. Le choix est simple : je préfère donc avoir une bourse qu'une publication.
Malgré tout, je continue à publier afin d'avoir des œuvres antécédentes à montrer aux Conseils des arts et pour soutenir que leurs bourses me permettent de rester pertinente dans le milieu. Publier des textes courts (nouvelles, poèmes, essais, etc.) ne me rapporte souvent rien, ou sinon environ 200 $ par texte, ce qui correspond à 100 romans vendus.
Et n'oublions pas mon emploi de recherchiste salariée, qui me rapporte 20 $/h, soit l'équivalent de 10 romans vendus par heure. Ou ma participation à des jurys qui peut me rapporter 2500 $ (soit 1250 romans vendus).
Bref, je suis toujours reconnaissante quand je peux publier un livre, mais l'argent est secondaire. Publier un livre, c’est surtout un levier pour obtenir des financements ailleurs, bien plus rentables que les ventes elles-mêmes.