Faut-il déclarer qu’une œuvre a été conçue avec l’IA?

Oui, mais…

Dans le meilleur des mondes, je dirais que oui, bien sûr, il faut déclarer qu’une œuvre a été conçue avec l’IA. Toutefois, les créateurs ne seront pas invités à le faire quand cela mènera la plupart des gens à rejeter leur œuvre.

Déclarer l’utilisation de l’IA devrait avant tout être fait par souci de transparence, pour être plus ouvert sur son processus artistique. Cela permettrait souvent de démystifier que l’IA n’a pas écrit l’œuvre elle-même (lorsqu’elle sert au remue-méninges ou à une rétroaction par exemple) ou mettre en valeur le grand apport créatif humain à travers l’utilisation de l’IA comme outil. Des artistes ont même conçu leurs propres IA dans le cadre de leur démarche artistique, ce qui ne se limite certainement pas à cliquer sur un bouton. De plus, cela est toujours pertinent pour que l’IA ne s’entraîne pas sur du matériel créé par une autre IA.

Amazon Kindle Direct Publishing demande de déclarer si l’IA a été utilisée dans une œuvre, simplement en cochant une case et en sélectionnant un choix de réponse. Toutefois, les lecteurs ne sont pas informés de l’utilisation de l’IA, à moins que l’auteur le dise lui-même dans sa description ou dans son livre. Il y a donc déjà des milliers de livres écrits (entièrement ou partiellement) avec l’IA et plusieurs d’entre eux ont des dizaines d’évaluations qui leur donnent quatre ou cinq étoiles. Cela démontre bien que lorsque l’utilisation de l’IA n’est pas déclarée, ces livres sont bien appréciés!

Toutefois, lorsque j’ai voulu publier « TIA Magazine : parodie de magazine IA » en déclarant l’utilisation de l’IA, de nombreuses personnes ont refusé d’acheter mon œuvre. Ils refusaient de supporter toute utilisation de l’IA, même si cette dernière a servi uniquement aux images et à certaines sections comme le courrier du cœur et l’horoscope. Pourtant, c’était bien un projet parodique sur l’IA écrit à 95 % par une humaine!

Les auteurs IA me disaient tous la même chose : ne dit surtout pas que tu écrit avec l’IA. Et je constate justement que de nombreuses personnes remettent en question tout mon travail parce que certaines œuvres sont créées avec l’IA comme outil (et non comme auteure) même quand ils évaluent une œuvre 100 % humaine.

J’ai d’ailleurs soumis la nouvelle « IA bien qui IA le dernier » à la revue Mœbius sans déclarer à la base qu’elle avait été écrite en collaboration avec l’IA. Elle a donc été sélectionnée parmi des textes d’auteurs professionnels humains! Je l’ai déclaré par la suite à l’éditeur, et j’ai ajouté une note qui expliquait le processus artistique (la nouvelle parlait d’un IA qui apprend à imiter le rire comme une mélodie, tout comme l’IA apprend à écrire en imitant) et je me suis fait manquer de respect au lancement.

En tant qu’artiste autiste, j’essaie de déclarer ma neurodivergence dans un contexte où je ne risque pas de me faire discriminer (et quand je me trompe, cela a des conséquences importantes pour moi). Je dois parfois m’abstenir de révéler mon handicap pour éviter les persécutions. Même si écrire avec l’IA n’est pas un droit de la personne, et est ainsi non comparable, on peut comprendre la réticence de plusieurs à mentionner l’utilisation de l’IA quand ils savent qu’ils se feront rejeter.

Résultat: pour demander de la transparence, il faut offrir de l’ouverture.

Ne condamnez pas une œuvre parce qu’elle utilise l’IA. Intéressez-vous à son processus artistique et découvrez son innovation.

Précédent
Précédent

Se libérer des réseaux sociaux pour être plus productif

Suivant
Suivant

Je vis de mon écriture… mais pas de mes publications